28Quelle que soit l’attitude sociale adoptée, la tutelle matrimoniale n’est que rarement condamnée au nom de la libération de la femme, des contraintes familiales et de l’autorité parentale. 7 - UNICEF : les mariages précoces doivent cesser ! 39Le thème du divorce, comme celui du mariage figure en tête des préoccupations des enquêtés. Maroc Les MRE débattent de la Moudawana. Femme/Essaouira. Désormais, l’homme et la femme sont également responsables devant la loi de l’éducation de leurs enfants. Moudawana .. Kamal Mellakh, « De la Moudawwana au nouveau Code de la famille au Maroc : une réforme à l’épreuve des connaissances et perceptions « ordinaires » », L’Année du Maghreb, II | 2007, 35-54. Le nouveau Code recommande aussi, lors de la rédaction de l’acte du mariage, d’insérer une clause sur le partage des biens acquis durant le mariage. Cette affirmation à caractère général vient en premier lieu. Maintenant, les choses ont changé. 32Nous avons déjà mentionné la très faible proportion de la population enquêtée par questionnaire qui pouvait mentionner et définir exactement ce qu’est la répartition des biens acquis pendant le mariage. Toutes légitimes. Homme/Marrakech. Dieu ait son âme -, qui, dès le recouvrement par le Maroc de sa pleine souveraineté, s'est attaché à la promulgation d'un code du statut personnel (Moudawana) qui devait constituer un premier jalon dans l'édification de l’Etat de droit et dans le processus d'harmonisation … Le rôle longtemps dévolu au père/tuteur pour la contraction du mariage de sa fille s’inscrit dans le cadre de la division traditionnelle du travail au sein de la famille patriarcale. Sur ce point, le ministère rappelle que «la non-distinction entre les notions de reconnaissance, la force probante et la valeur de la chose jugée dont jouissent les contrats conclus et jugements rendus à l’étranger est source de divergences». La possibilité que le nouveau Code donne aux femmes de conclure seules le mariage est mal perçue car les individus ont tendance à croire que le nouveau Code incite les jeunes filles à se marier contre leurs familles. Mais force est de constater, au regard des données de notre enquête, que ces nouvelles lois posent un problème d’applicabilité en raison d’un manque d’ancrage social et institutionnel dans un environnement où se manifestent plusieurs signes de résistance à la culture égalitaire. ... Maroc: des hôpitaux sans personnel paramédical pour 48 heures ... L’aile féminine du MUR appelle à une nouvelle réforme de la Moudawana. Tableau 10 : Présentation des focus groups. Women in Morocco are central to the family structure around which Moroccan society is based. L’application du Code de la famille par le juge français et le rôle de la convention maroco-française, le mariage par procuration au Maroc et sa reconnaissance en Belgique, le divorce par consentement mutuel, les difficultés liées à l’application du Code de la famille aux Marocains résidant, entre autres, en Espagne, en Italie et en Allemagne… autant de sujets et de problématiques qui seront soulevés lors de cette conférence. - « Le problème de la nouvelle Moudawwana, c’est qu’elle a essayé de trouver des solutions à certains problèmes sans tenir compte de notre religion. 26La disparition de la tutelle matrimoniale apparaît également comme une remise en cause des droits des parents sur leurs enfants. - « Maintenant, les femmes peuvent se marier et divorcer comme elles veulent. 40Les connaissances de la population sur le divorce sont globalement faibles. - « Le problème avec ces nouvelles lois, c’est que certaines femmes vont exagérer. Femme/Oujda. 7Alors qu’en milieu urbain (toutes catégories confondues), 90 % de la population enquêtée déclarent connaître l’existence d’un nouveau Code de la famille, cette proportion n’est que de 38 % chez les urbains analphabètes et de 46 % chez les ruraux. S’agissant de la première thématique, celle-ci sera dédiée aux discussions sur la position des autorités judiciaires et administratives sur la validité des jugements et contrats conclus en matière de droit de la famille. Cette enquête a visé les populations vivant dans les régions d’intervention du projet « leadership féminin », commanditaire de cette recherche1. 1  Les régions concernées par l’enquête sont Marrakech-Tennsift-Al Haouz, Oriental-Oujda, Fes-Boulmanne, Tanger-Tetouan. Souss Sahara Atlantique Groupement des CRTs et CNT : 2 têtes pour un seul corps ?. 42Alors que le nouveau Code est censé mieux protéger la femme divorcée, seulement 15 % de la population interrogée a souligné que la nouvelle loi permettait à la femme divorcée de jouir de plus de droits. Patrimoine : 300.000 euros pour valoriser la richesse africaine, N’BNIOUW L’7AYAT : le programme de LafargeHolcim Maroc pour créer de la valeur partagée. 36Cette notion demeure largement ignorée par la population dont les attitudes laissent plutôt apparaître la prégnance d’une idéologie traditionnelle et conservatrice dans le domaine de la répartition des taches entre les époux et la gestion de la vie conjugale. TRADUCTION EN FRANÇAIS. La Banque mondiale au Maroc Le Cadre de partenariat avec le Maroc (2019-2024) a pour finalité de contribuer à la cohésion sociale en améliorant les conditions de la croissance et de la création d’emplois et en réduisant les fractures sociales et territoriales. 17Les analphabètes ne perçoivent quasiment pas le nouveau Code comme un outil juridique pouvant aider au changement de la condition de la femme. En l'absence d'une telle condition, la première femme doit être avisée que son mari projette de prendre une deuxième épouse et la seconde, informée du fait qu'il est déjà marié. Toutefois, si la tendance générale des individus interrogés dans le cadre des focus groups a été de développer un discours positif vis-à-vis de l’élévation de l’âge du mariage de la femme, on constate que les personnes interrogées ne pouvaient pas, toutes, citer l’âge légal du mariage. Homme/Essaouira. Si la tendance générale des enquêtés est d’affirmer : «je ne connaispas les nouveautés du nouveau Code », ceci ne signifie pas pour autant qu’ils n’en pensent rien. Retour sur une enquête : quelques préalables méthodologiques Cet article rend compte des principaux résultats d’une enquête visant à dresser une cartographie des connaissances de la population marocaine sur les nouvelles dispositions du Code de la famille. Accueil; Monde; Au Maroc, les mariages de mineures en hausse. Il lui faut juste faire une demande au juge ». Leurs propos ont été enregistrés sur cassette pour mener à bien une analyse de contenu. À l’égard d’une pratique pendant longtemps ancrée dans les traditions et les mœurs, les résistances affichées sont à la hauteur des habitudes d’une société où le choix du conjoint n’est pas toujours une affaire personnelle. Elle demeure mal connue, même chez les femmes urbanisées (23 % contre 28 % des hommes). 62De manière générale, on peut dire que les innovations de l’actuel Code de la famille, à défaut d’être bien diffusées et assimilées, font l’objet de représentations s’inscrivant en grande partie dans une logique de résistance sociale et culturelle débouchant sur de fausses interprétations. La question de la garde de l’enfant soulève des difficultés pour diverses raisons: la diversité des règles qui la réglemente, la nationalité des parents, la loi applicable lors du mariage mixte et son exclusion en cas de violation de l’ordre public international, et l’intérêt suprême de l’enfant», note-t-on auprès du ministère en charge des MRE. Or les données de l’enquête montrent en cette matière un déficit important d’informations au sein de la population. Comme indiqué au … Homme/Essaouira. Essais d'ethnographies contemporaines, Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, Retour sur une enquête : quelques préalables méthodologiques, La connaissance du nouveau Code de la famille : une vue d’ensemble, Connaissances et perceptions du nouveau Code de la famille : les enjeux en question, Le principe de l’abolition de la tutelle matrimoniale : une résistance au nom de l’idéal de « l'obéissance due aux parents », L’élévation de l’âge au mariage : une mesure plus acceptée que rejetée, Des méfiances et des craintes à l’égard du principe de partage des biens, L’égalité et la co-responsabilité entre les époux : une innovation largement ignorée, À propos des procédures de divorce : méconnaissances, préoccupations et inquiétudes, Les nouvelles dispositions du divorce : les limites des savoirs féminins, Sur la polygamie : restrictions légales et résistances sociales, Les restrictions de la polygamie : sources d’amalgames et de résistances, Conclusion : de l’applicabilité du nouveau Code de la famille, Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International, Catalogue des 552 revues. Dossier: Le Maghreb avec ou sans l'Europe ? Ligue démocratique pour les droits des Femmes, 2004, Rapport annuel sur l’application du Code de la famille, Centre d’information et d’observation des femmes marocaines, Rabat. L’objectif de cet événement est de permettre à ces juristes et chercheurs de formuler des recommandations à même d’apporter des solutions aux problématiques auxquelles font face les Marocains résidant à l’étranger. 10  La polygamie au Maroc ne concerne qu’un ménage sur 100. - « Si le mari est en mesure d’être juste avec toutes les épouses et possède les revenus nécessaires, comme cela est recommandé dans le Coran, pourquoi lui interdire la polygamie ? DAHIR N°1.04.22 DU 12 HIJA 1424 (3 FEVRIER 2004) PORTANT PROMULGATION DE LA LOI N ° 70.03 PORTANT CODE DE LA FAMILLE *** LOUANGE A DIEU SEUL ! Les pères ne peuvent plus imposer à leurs filles le mariage à cet âge. Mais il ne faut pas rendre illicite ce qui est autorisé par notre religion ! À ce propos, la nouvelle loi sur la co-responsabilité est appréciée par certaines femmes parce qu’elle devrait permettre le rééquilibrage du partage des taches dans un contexte social et familial où la femme a souvent tendance à endosser la plupart des responsabilités. Axe autoroutier : 50 MDH pour réhabiliter les écoles limitrophes, Aménagement du territoire : le pilotage stratégique se renforce, Conseil de Bank Al-Maghrib : vers une gestion plus active de la dette, Voitures neuves au Maroc: Le best-of des promos 2020 (dossier). La population n’a qu’une connaissance extrêmement parcellaire et encombrée de préjugés moraux et religieux des nouvelles dispositions du Code sur la polygamie. Tableau 6 : Les changements introduits par le nouveau Code de la famille en matière de divorce cités par les enquêtés en fonction du sexe et du milieu (en %), Restriction champ d’action du mari en matière de divorce. En outre, l'épouse, comme dans la. En fait, plus de la moitié n’ont aucune idée des changements apportés par le nouveau Code de la famille concernant le mariage (tableau 5). Concernant le déroulement de l’animation proprement dite, il y a lieu de noter que les témoignages de la plupart des femmes participantes aux focus groups étaient relativement brefs. Il possède plusieurs sections locales et est actif dans le domaine de l’éducation aux droits de l’Homme et à la citoyenneté. Une large tranche de la population censée bénéficier de la réforme de la Moudawwana (plus particulièrement les femmes analphabètes) risque de ne pas jouir de ses nouvelles dispositions. Pour cette raison, l’islam a donné la Isma à l’homme pour mieux préserver la famille et conserver son équilibre ». Selon cette logique, il est inconcevable qu’une fille se marie sans l’accord de ses parents (et notamment le père) ou sans sa présence parce que, l’absence d’accord des parents mènera inévitablement à la faillite et au chaos du couple et de la famille. Retrouvez ici le code du travail Marocain 2020 à consulter ou à télécharger en format PDF. 52Nous nous interrogerons ici sur la perception des changements concernant la polygamie de la population enquêtée. Seuls 15 % mentionnent que la femme n’a plus besoin de tuteur pour se marier. Derrière ce type de discours se dessine, en toile de fond, une culture féminine elle-même marquée par le poids de la société traditionnelle qui ne reconnaît pas un statut social à la femme divorcée. 27La Wilaya est présentée non seulement comme synonyme d’obéissance due aux parents mais aussi comme caution de valorisation de la mariée face au futur époux et comme gage de réussite de l’union : « comment voulez-vous qu’un homme respecte sa femme si elle se marie sans l’accord de ses parents ? le juge doit s'assurer qu'il n'existe aucune présomption d'iniquité et doit être convaincu de la capacité du mari à traiter la deuxième épouse et ses enfants sur un pied d'égalité avec la première de façon à leur garantir les mêmes conditions de vie. Ils ont leur bénédiction à donner pour le mariage des enfants ». Parce que le nouveau Code de la famille a suscité un large débat au sein de l’opinion publique, les individus, notamment ceux qui sont scolarisés et résident en ville, connaissent mieux qu’auparavant l’existence d’un nouveau texte. En revanche, en ville, il apparaît que les restrictions imposées au mariage polygame interpellent beaucoup plus les hommes (26 % contre 15 %). Les interviewés n’accordent pas une place importante à la co-responsabilité dans la gestion des affaires de la famille. Il est aussi question d’analyser les effets qui découlent du non-respect des procédures énoncées dans l’article 15. Le projet Leadership Féminin est lui-même commandité par l’ONG internationale World Learning et financé, en partie, par le Middle East Partnership Initiative (MEPI). Mellakh Kamal, 2005, Étude sur l’état des connaissances de la population marocaine sur le nouveau Code de la famille, Projet Leaderchip Féminin, avec l’appui de Word Learning, Rabat. Cet état de fait a été largement confirmé pendant les entretiens en focus groups. Tout au long de l’année 2019, des voix féminines se sont élevées au Maroc. Vous allez voir les conséquences négatives de tous ces changements sur la société ». Le débat autour de ce thème sera porté entre autres par des magistrats et des avocats membres des Barreaux du Maroc, des bâtonniers de ces Barreaux et ceux de l’Association des avocats marocains et d’origine marocaine exerçant à l’étranger. 5Au total, neuf focus groups ont été organisés sur différents sites (voir le tableau 10 en annexes) permettant d’assurer la couverture de l’ensemble des régions concernées par l’enquête. En milieu urbain, cet écart est seulement de 4 points. Ce principe est présenté comme étant une valeur sociale et culturelle centrale structurant les rapports entre les enfants (et notamment les filles) et leurs parents à tous les âges et dans toutes les circonstances (mariage compris). Ligue démocratique pour les droits des Femmes, Dossier : citoyennetés : pratiques et ressources. Par conséquent, notre population a tendance à développer, au nom de la défense des valeurs religieuses, un discours encombré de préjugés : - « La nouvelle Moudawwana a interdit la polygamie. Les résistances masculines exprimées à ce sujet se focalisent de manière caricaturale sur le fait que l’homme ne pourrait plus exercer un droit qui est désormais dévolu aux femmes. Le quart de la population de l’enquête (24 %) évoque le fait qu’une législation plus restrictive s’applique désormais à la polygamie sans pour autant pouvoir en définir le contour. Si une femme ne veut plus vivre avec un homme, elle peut divorcer. Le partage doit préalablement être négocié dans le cadre d’un contrat qui doit être rédigé en complément de l’acte du mariage (autrement dit la communauté des biens aux acquêts). 4  Un total de 900 questionnaires a été distribué et collecté dans les différents points de l’enquête. En 2004, la réforme de la Moudawana (code du droit de la famille marocain) apparait comme étant le début d’une révolution juridique et sociale consacrant l’égalité homme-femme et améliorant le droit des femmes au sein de la cellule familiale. Toutefois, ce pourcentage masque, comme le montrent les tableaux 1 et 2, une différence importante entre la population analphabète et la population alphabétisée quel que soit le milieu (urbain ou rural) et le sexe. متخصص في العلوم القانونية والشؤون القضائية. Cette analyse est principalement fondée sur la délimitation des variables socioculturelles qui ont un impact sur les conceptions développées par des individus à l’égard des nouvelles dispositions du Code. Pourtant, le nouveau Code, via le principe de l’égalité et la co-responsabilité, ne dispose plus que l’entretien de la femme et de la famille est du seul ressort du mari. Le juge aux affaires familiales à Safi a prononcé un divorce pour mésentente dans le couple, en l’absence du mari. This unofficial English translation of the 2004 Moroccan Family Law (Moudawana) was . 37La permanence des attitudes contraires à l’égalité des droits et des devoirs entre les époux découle d’une vision qui place le couple et la famille sous la coupe du mari : l’époux doit être responsable de sa femme et de ses enfants et veiller à la bonne marche du foyer. Femme/Nador. Mais pour la majorité des hommes et surtout des femmes, les animateurs de l’enquête ont organisé des réunions pour expliquer l’objectif de l’étude et le sens des différentes questions4. modawanat sayr maroc. 53Au premier abord et au regard des données de ce tableau, il ressort que pour l’ensemble de la population interrogée, une personne sur deux n’a aucune connaissance de la nouvelle législation portant sur la polygamie. Cette représentation est ponctuée de références à la morale et à la religion : l’idéal éthique et religieux est souvent invoqué pour exprimer des attitudes hostiles au nouveau Code, comme l’illustre l’utilisation dans l’un des témoignages de la notion d’Isma. Cette conception qui considère que la femme est en âge de se marier, dès la puberté, est nettement en décalage avec le nouveau Code qui cherche à éliminer le mariage des mineurs et à limiter les mariages précoces en raison de leurs effets négatifs sur la vie sociale et psychologique de la femme. Dans ce sillage, il faut rappeler qu’en dépit des mécanismes de coopération entre les États pour garantir les droits de l’enfant prévus par la Convention de la Haye de 1996, la question de la Kafala, notamment celle des enfants délaissés, est source de problèmes se rapportant à leur situation juridique (regroupement familial sans restriction, déplacements illicites à l’étranger et accès à la sécurité et à l’assistance sociales). cit. 12Interrogés sur les changements introduits par le nouveau Code, environ les deux tiers (57 %) des enquêtés ne savent pas sur quels points le Code de la famille a changé. Tableau 7 : Les changements introduits par le nouveau Code de la famille en matière de polygamie cités par les enquêtés en fonction du sexe et du milieu (en %). Cette disposition suscite de nombreuses fausses interprétations chez les enquêtés. 35La difficulté ressentie par la population de l’enquête pour assimiler l’esprit moderniste du Code s’exprime à travers la faible présence des notions d’égalité et de co-responsabilité dans les discours. L’homme, selon cette logique deviendrait la « victime » d’une réforme jugée injuste et inéquitable parce que favorisant la femme au détriment de la gente masculine. 31Il convient tout de même de signaler la persistance d’une vision hostile à l’esprit du Code. MOUDAWANA) of February 5, 2004 . 49Si les connaissances des hommes au sujet des nouvelles dispositions sur le divorce sont, à l’instar de celles des femmes, faibles, leur discours plus défensif est marqué par les inquiétudes et les craintes face à des innovations qui visent en grande partie à contrebalancer le pouvoir des hommes en matière de divorce. Par ailleurs, le déficit des moyens humains et matériels alloués aux « tribunaux de famille » crées pour assurer l’application des nouvelles lois vient rendre plus difficile l’application du nouveau Code. Elle est fortement perçue comme une atteinte au principe de l’obéissance due aux parents « Tâ’at al-walidayn ». À cet égard, la question des réticences de la résistance des instances judiciaires à faire appliquer le nouveau Code demeure cruciale. 4Des focus groups destinés à donner un caractère plus qualitatif à l’étude ont été réalisés avec certaines femmes rencontrées dans le cadre de la caravane de l’égalité. Homme/Fez. Association des femmes du Maroc, 2004, L’égalité entre les Hommes et les Femmes, point de vue de la population marocaine, Rapport d’analyse, Rabat. Elles disent que c’est bien et que désormais, le divorce sera plus facile pour elles ». Je voulais avoir votre avis, pour un couple mixte habitant au Maroc (je suis française, mon fiancé est marocain), quel est le moyen le plus simple pour se marier? En effet, l’évolution sociétale passe, et passera, nécessairement par les femmes. 6  Voir à ce propos ADFM, L’égalité entre les Hommes et les Femmes, point de vue de la population marocaine. 10À ce propos, les données de l’enquête réalisée avant l’adoption du nouveau Code de la famille par l’Association démocratique des femmes du Maroc6 font ressortir un déficit de connaissances dans la population marocaine : moins d’un tiers des individus enquêtés à l’époque avaient déjà entendu parler de la Moudawwana. Les deux époux doivent comparaître personnellement. Cette forte méconnaissance des femmes analphabètes du texte actuel réduit considérablement la portée escomptée de la promulgation du nouveau Code, à savoir l’amélioration des conditions de la femme et le renforcement de ses droits. Toutefois, nos investigations qualitatives nous permettent de mieux affiner l’état des savoirs de nos enquêtés. Autre chose, les femmes s’énervent vite et demandent le divorce pour n’importe quelle raison. , peut invoquer les autres unions du mari pour demander le divorce pour préjudice subi. En effet, le refus exprimé de voir la wilaya abolie provient d’une forte résistance socioculturelle visant à instaurer des rapports plus égalitaires et moins autoritaires et hiérarchiques entre la femme adulte en âge de se marier et sa famille. ». Le tribunal convoque les conjoints pour une tentative de conciliation. De ce fait, la conférence traitera du mariage et du divorce et leurs effets à la lumière de l’applications de l’article 14 de la Moudawana (celui-ci exige l’accomplissement des formalités et démarches administratives en vigueur dans le pays de résidence). Décembre 2004 . Dossier Maroc : 1999-2019, ces vingt premières années de règne de Mohammed VI qui ont tout changé. Dans le texte précédent, la tutelle (wilaya) pour le mariage était exigée pour les femmes quel que soit leur âge. Toutefois, force est de constater que la proportion des individus pouvant citer un domaine précis (mariage, divorce, polygamie, etc.) Pour l’ensemble de ces considérations, le nouveau Code tend à restreindre cette pratique matrimoniale en dressant de nombreux obstacles devant les postulants. Si dans l’ensemble, cette perception est faible chez la totalité de la population interrogée (20 % seulement), elle l’est particulièrement chez les analphabètes (6 %) et encore plus chez les femmes analphabètes (2 %). 29À la différence de la question de la tutelle matrimoniale qui a suscité une large controverse auprès des répondants, l’élévation pour la femme de l’âge au mariage à 18 ans semble s’inscrire dans une réalité sociale plus ou moins vécue par tous, à savoir l’engagement de plus en plus tardif dans le mariage en raison de la prolongation des études, ainsi que des difficultés d’insertion sur le marché du travail. La passation des questionnaires et l’animation des focus groups ont été réalisées en partenariat avec le Centre des droits des individus (Markaz houquouq al-Nass)3, association qui a organisé à travers le Maroc une « caravane de l’égalité » pendant le printemps 2005. Marie 11/09/2019 17:35. 5  Les participantes ont été choisies en fonction de la diversité de leur profil et de leur appartenance sociale et géographique. Elle a concerné aussi bien les villes et les campagnes (y compris certaines communes reculées)2. 38Par ailleurs, l’égalité et la co-responsabilité entre les époux sont bien accueillies par les femmes alphabétisées et urbanisées. Le nouveau Code va, selon cette logique, à l’encontre de préceptes divins et risque de se trouver dépourvu du crédit religieux jugé nécessaire à sa réussite. Ministère de la Justice . Aussi nos interviewés présentent-ils le principe du partage des biens comme une contrainte et une injustice qui va non seulement ébranler le couple et la famille, mais aussi rendre les hommes hésitants en matière de mariage. Infos région. À l’exception de quelques individus, les enquêtés ont accepté de répondre sans difficulté au questionnaire. Là encore, les nouvelles dispositions du texte de loi sont mal connues (tableau 6) : 58 % des personnes interrogées ne savent rien des innovations introduites en matière de divorce par le nouveau texte. Le principe d’égalité des droits et la co-responsabilité des deux époux n’est évoqué que par 7 % des personnes tandis que celui de partage des biens acquis pendant le mariage est complètement méconnu (1 % de la population interrogée a évoqué ce principe). En milieu rural, l’écart entre les femmes et les hommes qui ne savent rien sur les nouvelles dispositions de divorce n’est que d’un seul point. ... الأحد, سبتمبر 08, 2019. Celle ci est souvent objet de méfiance et de préjugés, d’où la réticence de certaines femmes face au divorce, même en cas de maltraitance ou de violence conjugale. 13Le tableau 3 montre également que la proportion de la population rurale ne pouvant citer aucun point sur lequel le nouveau Code de la famille a changé est supérieure à celle de la population urbaine (respectivement 55 % et 59 %)7. NB : Les pourcentages sont calculés par rapport à l’ensemble de la population de l’enquête. Ce point suscite, chez une partie de la population masculine, une confusion dans la mesure où l’accord de la femme est perçu comme un pouvoir donné aux femmes au détriment des hommes. - « La suppression de la tutelle n’est positive que pour celles qui n’ont pas de tuteurs. Les réponses du type « j’ai entendu parlé du Code mais je ne sais pas ce que c’est », « je n’ai rien à dire sur le nouveau Code parce que je n’y connais rien » sont revenus d’une manière récurrente pendant les entretiens collectifs. On note également que la possibilité pour la femme de mentionner dans l’acte de mariage que le mari ne peut pas prendre une deuxième épouse n’a été citée par aucune des personnes enquêtées. », sans tenir compte du caractère pertinent de ces réponses. Dans cette même perspective, le principe de l’obéissance de la femme à l’homme est abandonné. 11Si aujourd’hui son existence est mieux connue en raison de la médiatisation et de la controverse suscitée par sa réforme, il n’en demeure pas moins que la méconnaissance de son contenu est toujours importante. Rapport d’analyse, Rabat 2004. 25La suppression de la wilaya (tutelle) a fortement été investie par les enquêtés pour exprimer une vision négative du nouveau Code. Par Mohamed Chakir Alaoui le 08/02/2019 à ... la présidence du Parquet général et l'Association des barreaux des avocats du Maroc. 41La restriction du champ d’action du mari en matière de divorce n’est mentionnée que par le quart de la population (26 %)9. Toutefois, les entretiens collectifs menés auprès des hommes, à la différence de ceux effectués auprès des femmes, font ressortir des amalgames et des perceptions très fortes traduisant l’inquiétude et le désarroi. Mais nous les avons traitées, pour construire nos tableaux, comme des questions fermées, puis répartis les items selon des pourcentages. Cette résistance est affichée au non de la morale religieuse comme le dénotent les notions utilisées dans le discours : « al-char’a », « licite » « illicite ». 21Mais que retiennent les personnes interrogées au sujet de toutes ces innovations ? Le sens commun, notamment celui des hommes, est complètement en rupture avec les prescriptions du Code : - « Ils disent que l’homme doit laisser la moitié de ses biens à la femme s’il veut divorcer. Chekroun Mohamed, 1996, Famille, État et transformation socio-culturel au Maroc, Éd. Ce n’est pas tout puisque d’autres points de droit passeront sous la loupe des experts invités à cet événement. Pour ce faire, nous avons mené une investigation structurée des perceptions, des conceptions et des représentations d’une partie de la population marocaine à l’égard du nouveau Code de la famille. Tout le monde maintenant a peur. Par le passé, les procédures étant nettement en défaveur des femmes, obtenir pour elles le divorce était un réel parcours du combattant tant les démarches judiciaires étaient complexes.